LE CERCLE DES MYCOLOGUES DE MONTRÉAL
La fondation
La première réunion officielle du Club des Mycologues Amateurs de Montréal a lieu le 19 septembre 1950, à la suite d’une série de cours sur les champignons donnée par M. René Pomerleau, du bureau de pathologie forestière à Québec. Mais depuis plusieurs mois déjà, un petit noyau d’amateurs de champignons se regroupent autour du frère Rolland-Germain, pour excursionner et partager leur passion.
Ainsi, quelques mois à peine après son lancement officiel, le Cercle des mycologues amateurs de Montréal est en plein essor. Cet envol rapide peut se résumer en deux noms : celui du frère Rolland-Germain, président-fondateur et animateur, et celui de René Pomerleau.
Le frère Rolland enseigne à l’époque la biologie au collège du Mont-Saint-Louis (aujourd’hui une constituante du cégep du Vieux-Montréal) et y dispose du laboratoire de biologie, qui servira de lieu de ralliement aux membres du Cercle pendant de nombreuses années.
Durant ses cinq premières années d’intense vitalité, le jeune Cercle s’engage dans une série d’activités : réunions mensuelles, causeries et conférences mycologiques, contacts avec d’autres organismes, mise sur pied d’une bibliothèque, organisation d’excursions et de séances d’identification. Il trace ainsi la voie et les grandes orientations pour l’avenir.
Le frère Rolland laisse son poste de président lors de la réunion annuelle de janvier 1955.
Le changement de garde
La réunion annuelle du 31 janvier 1955 marque le début d’une nouvelle période, au cours de laquelle le Cercle atteint une vitesse de croisière qu’il maintiendra pendant vingt ans. Lors de cette réunion, madame Florence Montreuil est élue trésorière et le père Bernard Taché, secrétaire. Le père Taché et madame Montreuil se dévoueront à leurs tâches respectives durant vingt ans, assurant à la fois l’animation, la permanence et la continuité, si nécessaires dans la vie de tout organisme basé sur le bénévolat.
Avec la venue du père Taché au poste de secrétaire, le secrétariat du Cercle se transporte au laboratoire de biologie du collège Sainte-Marie, où le père Taché enseigne la biologie ; par la suite toutes les activités du Cercle suivront.
En 1969, le collège Sainte-Marie est intégré à la nouvelle Université du Québec à Montréal (UQAM). Le père Taché prend sa retraite et déménage dans le nord de la ville, au 10070 d’Auteuil. Le secrétariat du Cercle le suit à cette adresse et c’est également là que se tiennent les réunions d’administration. Par contre, par l’entremise de M. Jean-R. Beaudry, professeur de botanique au département de biologie de l’Université de Montréal et à l’Institut botanique, les réunions des membres, les conférences et séances d’identification ont lieu tantôt au département de biologie de l’Université de Montréal, tantôt à l’Institut botanique.
La constitution en société
Carte de membre 1973
La hausse rapide des effectifs du Club, au tournant des années 1970, le vieillissement de l’équipe de direction et une ère plus communautaire et participative conduisent, à compter de 1975, à une transformation radicale. Il faut dire que, depuis le départ du collège Sainte-Marie, plusieurs membres entreprennent de discuter et de réfléchir sur l’avenir du Club. Divers thèmes sont abordés : objectifs, statuts, catégories de membre, excursions, laboratoires, conférences, cours, bibliothèque, journal, et locaux et lieux de réunion.
Carte de membre 1980
Devenu beaucoup plus collégial, le Club se constitue en société à la mi-juillet 1975, prenant le nom de Cercle des mycologues de Montréal (CMM). Il se structure, grâce notamment aux efforts de Michel Famelart, et, en raison d’initiatives de Louis Richard, il bonifie ses moyens de communication avec les membres et la communauté montréalaise. Son administration est assurée par un conseil d’administration formé de dix membres élus lors de l’assemblée annuelle. Les règlements généraux sont adoptés à l’assemblée annuelle du 12 avril 1976, soit la même année où le Cercle obtient un local au Jardin botanique. Au cours des années suivantes, les différents projets prévus lors de la restructuration se mettent en place : d’abord le bulletin Le Mycologue, qui paraît quatre fois par année, puis un programme de formation de moniteurs, qui permettra, par la suite, d’offrir un programme plus riche en excursions et d’organiser des fins de semaine mycologiques, des expositions, des cours d’initiation et de microscopie, des dégustations et même des sorties en hiver. Si, depuis ce tournant majeur du milieu des années 1970, le Cercle poursuit ses activités avec le même esprit, c’est grâce à la présence de membres qui cumulent plusieurs décennies d’engagement au sein du conseil d’administration. Cette constance permet l’ajout d’activités davantage orientées vers la recherche, avec la création, en 1988, d’un fungarium, soit une collection de champignons séchés, que l’on déménage, en 2011, au nouveau Centre sur la biodiversité de l’Université de Montréal (IRBV), situé sur le site du Jardin botanique de Montréal.
Les années 1990 et 2000
Outre la recherche en mycologie, un autre facteur suscite, au tournant des années 1990, de nouveaux questionnements. En effet, une nouvelle hausse des effectifs du Cercle – le CMM devient un des plus importants clubs de mycologie en Amérique du Nord avec près d’un millier de membres – engendre des demandes et des attentes imprévues. C’est pourquoi les responsables tiennent une fin de semaine de réflexion, en avril 1993, afin d’en prendre la mesure et de trouver une meilleure répartition des responsabilités et des interventions, notamment au sein du conseil d’administration. C’est lors de cette fin de semaine que le poste de conseiller scientifique est officiellement créé et attribué à Yves Lamoureux. Confiant de son expertise en mycologie, le Cercle participe, à partir des années 1990, à des rencontres avec les clubs américains associés à la North American Mycological Association (NAMA) et à la Northeast Mycological Federation (NEMF). Puis, en 1999, il joue un rôle clef dans le regroupement des clubs de mycologie du Québec en participant à la fondation de la Fédération québécoise des groupes de mycologues (FQGM). Cette expertise en mycologie se traduit également par la publication de quelques ouvrages qui rejoignent un public de plus en plus intéressé par l’univers des champignons. Au final, le Cercle peut se targuer d’avoir contribué, dans la grande région montréalaise, à vaincre les préjugés contre les champignons qui remontaient jusqu’à la Nouvelle-France, mais surtout à mieux faire connaître le monde fascinant des champignons.